Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/207

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IV

Le gris des ciels du Nord dans mon âme est resté ;
Je l’ai cherché dans l’eau, dans les yeux, dans la perle ;
Gris indéfinissable et comme velouté,
Gris pâle d’une mer d’octobre qui déferle,
Gris de pierre d’un vieux cimetière fermé.
D’où venait-il, ce gris par-dessus mon enfance
Qui se mirait dans le canal inanimé ?
Il était la couleur sensible du Silence
Et le prolongement des tours grises dans l’air.
Ce ciel de demi-deuil immuable avait l’air
D’un veuvage qui ne veut pas même une rose
Et dont le crêpe obscur sans cesse s’interpose