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IV


L’aquarium est si bleuâtre, si lunaire ;
Fenêtre d’infini, s’ouvrant sur quel jardin ?
Miroir d’éternité dont le ciel est le tain.
Jusqu’où s’approfondit cette eau visionnaire,
Et jusqu’à quel recul va-t-elle prolongeant
Son azur ventilé par des frissons d’argent ?
C’est comme une atmosphère en fleur de serre chaude…
De temps en temps, dans le silence, l’eau se brode
Du passage d’un lent poisson entr’aperçu
Qui vient, oblique, part, se fond, devient fluide ;
Fusain vite effacé sur l’écran qui se vide,
Ébauche d’un dessin mort-né sur un tissu.