Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


VIII.

Dans l’aquarium clos songent les actinies,
Anémones de mer, sensitives de l’eau ;
Les moires peu à peu se sont tout aplanies
Qui tout à l’heure s’arrondissaient en halo
À l’endroit qu’a blessé quelque nageoire en fuite ;
Le silence renaît et plus rien ne s’ébruite
Dans le bassin peuplé de formes en arrêt.
Alors, dans l’eau sans nul frisson, les actinies
S’ouvrent, comme une bouche au baiser s’ouvrirait,
Fardant de rose un peu leurs corolles blêmies,
Mais sensibles encor comme une plaie en fleur ;
Car le moindre nouvel éveil d’une nageoire