Page:Rodenbach - Vers d’amour, 1884.djvu/20

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Tout nous disait d’aimer dans ces floraisons neuves,
D’effacer de nos yeux l’ancien rêve meurtri,
Et d’aussi nous parer d’un peu d’espoir fleuri
Comme d’un bouquet blanc le demi-deuil des veuves !

Tout chantait, tout clamait le triomphe charnel
Des pistils entrouverts, des ailes rapprochées,
Et le vent nous disait, de ses lèvres cachées,
Que la fleur souffre aussi du souci maternel.

Et, tout en souriant dans d’adorables moues,
Sous votre parasol que vos doigts remuaient,
De vagues rayons d’or parfois s’insinuaient
Et l’ombre et le soleil se disputaient vos joues.