Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/191

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officielle. Il aspirait à devenir le Le Brun de notre République, et comme le chef d’orchestre de tous les artistes contemporains. Il est mort avant d’y parvenir.

L’on ne peut exercer deux métiers à la fois. Toute l’activité que l’on dépense à acquérir des relations utiles et à jouer un rôle, on la perd pour l’Art. Les intrigants ne sont pas des sots : quand un artiste veut leur faire concurrence, il doit déployer autant d’efforts qu’eux-mêmes, et il ne lui reste presque plus de temps pour travailler.

Qui sait d’ailleurs ? Si Dalou était toujours demeuré dans son atelier à poursuivre paisiblement son labeur, il aurait sans doute enfanté de telles merveilles que la beauté en aurait soudain éclaté à tous les yeux, et que le jugement universel lui aurait peut-être décerné cette royauté artistique à la conquête de laquelle il usa toute son habileté.

Son ambition ne fut pourtant pas entièrement vaine, car son influence à l’Hôtel de Ville nous a valu l’un des plus augustes chefs-d’œuvre de notre temps. C’est lui qui, malgré l’hostilité non déguisée des commissions administratives, fit commander à Puvis de Chavannes la décoration de l’escalier du Préfet. Et vous savez de quelle céleste poésie ce