Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a sculptée à la ressemblance de Rodin. L’auteur de cette œuvre s’excusait d’avoir mis deux petites cornes au front de son maître. Et Rodin, en riant :


— Vous le deviez, puisque c’est Pan que vous représentiez. D’ailleurs Michel-Ange a donné des cornes semblables à son Moïse. Elles sont l’emblème de la toute-puissance et de la toute-sagesse, et je suis assurément très flatté d’en avoir été gratifié par vos soins.


Comme il était midi, le maître nous invita à déjeuner dans quelque restaurant du voisinage.

Nous sortîmes. Nous étions dans l’avenue des Champs-Élysées.

Sous le vert jeune et acide des marronniers, les autos et les équipages attelés glissaient en files miroitantes. C’était l’étincellement du luxe parisien dans son cadre le plus lumineux et le plus fascinant.

— Ou déjeunerons-nous ? demanda Bourdelle avec une anxiété comique. Dans les restaurants de ces parages, l’on est généralement servi par des maîtres d’hôtel en habit, et c’est ce que je ne puis souffrir : car ces personnages m’intimident. À mon avis, il