Page:Rodrigues - Midraschim et fabliaux.djvu/15

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Si je ne puis plus rendre injure
Pour injure sans t’offenser,
Si je ne puis rendre blessure
Pour blessure sans te blesser ;

Alors, ne pouvant pas défendre
Ma maison, mon droit, mon honneur,
Il me faudra bientôt descendre
Au dernier degré du malheur.

— Mon fils, quand je créai l’agneau,
Je reçus de lui cette plainte :
Je suis le dernier du troupeau,
Chacun va me frapper sans crainte ;

Car je n’ai pas de dents pour mordre,
Et pas de griffes pour couper ;
Je ne puis rien saisir, rien tordre,
Je suis sans cornes pour frapper.

Quoi ! lui dis-je, préfères-tu
Le noir venin de la vipère,
La dent du tigre à ta vertu,
La tyrannie à ta misère ?