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VII


LES PLAINTES DU ROI LEAR




Tous ceux qui m’ont aimé sont couchés sous la terre ;
Bien d’autres sont pleurés, par moi, quoique vivants ;
Mon cœur, rempli d’amour, vit triste et solitaire,
Je suis mari sans femme, et père sans enfants.

Dieu jaloux ! tu pouvais me laisser mes tendresses ;
En elles je t’aimais, je les aimais en toi.
Mais puisque tes rigueurs ne sont que des caresses,
Fût-ce pour les reprendre, un instant, rends-les-moi.

Car tu ne donnes pas tes faveurs, tu les prêtes ;
Redoutant de les perdre, on ne peut en jouir,
Et l’on dirait, vraiment, Seigneur, que tu regrettes
D’avoir, pour quelques jours, daigné t’en dessaisir.

(Un silence.)