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LA MAISON PÂLE.

vouloir se diriger vers sa porte. Ils marchaient à tâtons et en s’appelant à voix basse, car la nuit était fort sombre… Arrivés devant la grille, ils firent une halte, et l’un d’eux, celui qui paraissait le guide, tourna bientôt les yeux du côté de l’Observatoire… La colonne de poussière qui ne tarda pas à s’élever de cette direction fit présumer à Cerda que c’étaient sans doute des cavaliers qui accouraient ; c’était, en effet, une compagnie du guet à cheval qui venait prêter main forte aux sept hommes. Peu soucieux de lutter contre de telles forces, l’Espagnol n’eut que le temps de se souvenir d’une issue secrète, par laquelle, après s’y être caché, il pouvait gagner les champs. Il courut à l’appartement de la marquise, mais il le trouva désert. Les agresseurs approchaient ; encore une minute, et il allait se trouver pris par ces hommes… En traversant le corridor, il vit son laboratoire ouvert, et dans les demi-ténèbres de ce lieu une forme blanche qui semblait reposer sur un fauteuil…

Il s’approcha… mais il recula en même temps. Le visage de la marquise était d’un bleu violet… on eût dit qu’elle venait d’être frappée de la foudre… ses doigts crispés tenaient la fiole au fourreau de galuchat noir.

— Empoisonnée ! s’écria-t-il en fuyant…

Au même instant, et presque sur les pas de Cerda, un homme se précipita dans le laboratoire… C’était à coup sûr le guide, car il avait devancé les autres, qui arrivaient à pas de loup et après avoir gravi les murs à l’aide d’une échelle. Il élevait dans sa main un ruban blanc.