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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

ils n’auraient eu que le tort de caserner la société au lieu de l’étendre, de la parquer par coteries et de la miner peu à peu, ce tort eût suffi pour qu’on dût les fuir, car la société elle aussi est une puissance… Par l’acceptation des clubs, elle perdait tous ses droits.

Un contraste qui ne put échapper au chevalier vis-à-vis de ces modifications anglaises et sérieuses qu’avaient subies l’attitude et le costume des hommes, ce fut la tenue de presque toutes les femmes qui composaient alors la société parisienne. Leurs seuls habillemens parurent à Saint-Georges un oubli et un scandale. Ces femmes qui avaient assisté, la gorge nue, aux plus étranges comédies, à commencer par celle du Mariage de Figaro, cette prophétique trompette de la ruine du dix-huitième siècle, jusqu’à celles du diacre Paris, n’affichaient plus alors la moindre nuance d’hypocrisie et de dissimulation ; elles se promenaient à Longchamps et au Colysée sous les gazes les moins pudiques. Elles trouvaient qu’il était de bon air de se moquer en tout de la cour et d’adopter le contre-pied de ses éloges. C’étaient elles qui sifflaient de leurs jolies bouches rebelles les pièces applaudies par de royales mains à Fontainebleau, elles encore qui se précipitaient avec fureur sur les derniers romans licencieux dus à l’agonisante lubricité de Voltaire. Les livres de Crébillon fils ne suffisaient même plus à cette génération fiévreuse qui s’était hâtée de vivre ; il lui fallait les épileptiques fureurs, les inventions obscènes et déhontées de M. de Sade. À voir ces femmes avilies, souillées déjà avant qu’elles ne