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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

cintrée, il introduisit Saint-Georges dans un salon orné de glaces.

Cet appartement, de moyenne grandeur, était embaumé de cette senteur douce que répandent les plantes aromatiques. Plusieurs vases de porphyre contenaient des fleurs rares sorties de la serre de Trianon. Une harpe et quelques ouvrages de femme semés sur une petite table incrustée de marqueteries interrompaient seuls l’harmonie de l’ameublement, qui était bleu.

La reine entra presque en même temps que M. de Crussol ; elle était pâle et tenait une rose blanche entre ses doigts. La princesse de Lamballe suivait la reine.

Marie-Antoinette fit signe à M. le capitaine des gardes de s’éloigner ; M. de Crussol obéit.

M. de Saint-Georges, balbutia la reine quand ils furent seuls, je vous ai fait venir, j’en avais le droit. J’ai lu ce matin le mot que vous avez tracé vous-même sur le canal : ce mot signifie PÉRIL. Je pense que vous voudrez bien m’expliquer ce mot. Quel est ce péril qui nous menace, monsieur ? Ce n’est pas la première fois que je vous adresse la parole ; remettez-vous et répondez-moi.

Tandis qu’elle parlait ainsi au chevalier, son émotion était visible, elle se peignait jusque dans le son de sa voix tremblante.

La reine était debout ; ses cheveux à demi roulés pendaient le long de ses joues blanches comme celles de Léda. Saint-Georges palpitait de trouble et de crainte…

— Encore une fois, poursuivit-elle, ne sauriez-vous me dire, vous qui êtes du parti de M. le duc d’Orléans,