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LA RUE BOUCHERAT.

— Intendant ! s’écria Platon, intendant comme M. de Lassis !

— Place à laquelle sont attachés les émolumens de dix mille livres, continua La Boëssière, qui referma le papier.

— Tu vois, Platon, dit Saint-Georges, qu’il ne faut jamais désespérer.

— Il était le serviteur de M. de Boullogne, reprit Maurice, il restera le nôtre ; il partira avec nous.

— Avec vous deux, répondit Platon en essuyant une grosse larme qui roula sur son gilet, avec vous deux ! Avez-vous cru, monsieur le marquis, que je pusse quitter mon maître ? Voyez où il en est, monsieur le marquis, continua-t-il plus bas en l’attirant vers le marbre de la cheminée, sur lequel reposait l’ordonnance du médecin.

Cette ordonnance fit courir le frisson dans les veines de Maurice. Elle n’accusait que trop l’intensité de la maladie et l’impuissance de la médecine à la combattre. Platon s’était jeté à genoux auprès du lit de Saint-Georges ; il le suppliait de ne pas le bannir ; il lui répétait : « Je resterai. » Le pauvre homme était attelé depuis si longtemps à la vie du chevalier, il en avait traversé avec tant de fidélité ses phases diverses qu’il avait contracté pour Saint-Georges une sorte d’attachement superstitieux. Il lui semblait impossible qu’il ne mourût pas le jour où mourrait son maître.

— Mon pauvre Platon, reprit le chevalier, je veux que tu partes, quelque chagrin et quelque vide que me doive causer ta perte. Mais puisque tu as fait la