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LA SAINT-LOUIS.

imaginé chaque jour une fleur pour insigne à sa boutonnière ce soir-là, il fallait qu’il fût distrait, car il n’en portait aucune…

En revanche il donnait le bras à un véritable parterre ambulant, représenté par La Boëssière. Le maître d’armes était semé de lis et de roses blanches comme un drapeau ; il sortait d’un dîner où il avait chanté vingt-cinq couplets sur l’air de Vive le roi !

À l’exemple des prélats romains, il portait un chapeau noué d’un bourdalou d’or. Il l’ôta bientôt pour s’éventer, car en ce moment la chaleur était extrême. Le crépitement des ifs enflammés se mêlait au pas tumultueux de la foule, au cri des hommes et des femmes se perdant et se cherchant dans la mêlée.

Un personnage vêtu d’un mauvais habit de ratine bleue, captiva en ce moment l’attention de Saint-Georges…

Outre un feutre gris rabattu sur son visage et qui lui cachait presque entièrement le front, cet homme portait sur l’œil un bandeau de taffetas ; il allait et venait par les groupes les plus populeux, abordant de préférence les gens mal vêtus. Ce mystérieux promeneur leur adressait à la hâte quelques paroles qu’il accompagnait d’une aumône… Même avant cet hiver fatal qui désola Paris, et dans lequel la seule duchesse de l’Infantado dépensa plus de trois cents mille livres, sans compter l’archevêque de Paris, qui s’endetta après avoir employé pour les pauvres tout son revenu, les largesses de la cour n’avaient pas empêché les murmures du peuple… Il ne passait