Page:Roger De Beauvoir - Le Chevalier De Saint-georges Edition2V4 1840.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
AGATHE.

— Pour servir le roi, Maurice, il faut réserver son sang. Tu es jeune, cela est vrai, mais la bravoure tient lieu de science militaire. Cette épée, tu ne l’emploieras jamais mieux que contre les ennemis de l’État.

— Je vous remercie de votre sollicitude, mon père. Ce n’est pas d’aujourd’hui que j’apprécie la bonté de votre cœur ; vous qui m’avez adopté, oh ! vous étiez digne d’être mon père !

Le jeune homme serra les mains du vieillard, et leurs embrassemens se confondirent. L’accablement douloureux de M. de Boullogne reprit toutefois bientôt le dessus à cette question de Maurice :

— Où est ma mère ?

Le contrôleur général avait découvert les intrigues de Mme de Langey. Il ne pouvait plus douter des manœuvres odieuses de cette femme, mais il ignorait par quel imprévu retour de vengeance elle venait de lui être à tout jamais enlevée. Il répondit :

Mme de Langey ne tardera pas à te venir chercher, Maurice. Elle s’habille sans doute pour la cérémonie, car c’est à sept heures que le digne archevêque de Narbonne, l’ami de notre famille, a promis de vous marier dans la chapelle de la Vierge, à l’Oratoire… Une chaise de poste est préparée ; tu conduis de là ta femme en Dauphiné. Je vais, moi, prévenir Mlle de La Haye de l’heureuse issue de cette affaire… son anxiété doit être vive ; car, je n’en doute plus, elle t’aime !

— Puissiez-vous dire vrai ! reprit Maurice ; moi aussi je l’aime, et elle ne peut l’ignorer ! C’est à