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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

avaient vu pourtant les chasses du régent, entouré de son escadron volant de pages !

C’est qu’en effet l’équipage de M. le duc de Chartres était admirable, il pouvait lutter d’élégance avec celui de M. le comte d’Artois et du prince de Condé.

Saint-Georges, que le duc de Chartres se piquait d’affectionner, en raison de ses manières, qui relevaient la vulgarité des siennes, et de la conformité de leurs deux âges, avait donné de grands soins à cet équipage de chasse ; il avait fait exprès plusieurs voyages en Angleterre pour l’améliorer et le rendre digne de lutter avec ceux des princes……

La suave limpidité du ciel, l’attrait des paysages qui se déroulaient de temps à autre par les belles percées de la forêt, le son des fanfares et les aboiemens des chiens rassemblées au Mai-Joly, le point de départ de la chasse, les brillans uniformes des piqueurs et des jockeis entremêlés à ceux des heiduques et des coureurs ; la plume des amazones balayant doucement leurs blanches épaules ; le rire, le tumulte, les cris, les voitures de mille sortes accourant se grouper vers ce rond-point, tout ce spectacle gardait l’empreinte d’une toile animée par Oudry ou par Béga.

Le soleil semblait prendre plaisir à faire étinceler l’écharpe de la forêt de toutes les teintes rompues de l’arc-en-ciel ; les chênes se balançaient mollement sous un vent frais et léger ; le frissonnement des feuilles portait l’allégresse et l’espérance dans l’âme.

Maurice eut dépassé bientôt la voiture de sa mère. La marquise, mollement étendue sur les coussins, se