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LE LABYRINTHE.

faire mentir cette gloire effrontée, de la contrarier dans son essor et de la ployer sous lui. Dieu ne pourrait manquer d’être juste et de détruire lui-même cet édifice insolent, plutôt que d’exposer ses créatures les plus nobles à le maudire !

Suivant le cours arrogant de ses pensées, Maurice se perdit par les mille sinuosités de la forêt, il était déjà à une lieue de Sainte-Assise.

Au sein de ces bois touffus avoisinant le château et formant un véritable parc anglais, plusieurs bandes d’invités s’étaient égarées, peut-être à dessein ; mais de ce côté silencieux, à l’abri des mille clameurs de la chasse, le seul murmure de plusieurs sources d’eau vive et l’ombre des plus beaux arbres vous attiraient.

Sans compter les grappes roses de l’arbre de Judée égayant le vert assombri d’un cordeau d’acacias, le peuplier d’Italie élevant sa flèche vers le ciel, ou le platane, au corsage de chèvrefeuilles, des cèdres vigoureux balayaient le gazon de leurs belles palmes tombant sur lui comme autant de larges éventails. Les calices panaches du catalpa ouvraient amoureusement leurs grandes pétales ; l’érable et le sapin y mariaient leurs senteurs à celle des rosiers. Par un dédale frais de riantes allées, où le râteau semblait n’avoir laissé aucun gramen parasite, on arrivait jusqu’à un petit temple appelé le Labyrinthe.

Depuis Trianon et Choisy, la mode des temples était alors la grande mode ; ces ruines factices, dont l’abbé Delille s’indigna, plaisaient étrangement aux