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LES ENDORMEURS.

calier. Le masque de la vestale s’est dénoué, et le farouche heiduque, qui n’est autre que Joseph Platon, a reconnu Rosette dans la vestale.

— Attends, misérable fourbe, marquis de potence, s’écrie Platon en voulant tirer son sabre d’heiduque contre Jasmin, habillé d’un beau frac merde d’oie et d’une culotte ventre de puce ; attends ! je vais te faire payer cher ta perfidie !

Le malheureux Platon oublie que son sabre est de bois ; ses efforts sont tels que la poignée lui demeure dans la main.

— Si mon maître, monsieur le chevalier, était ici, reprend-il, je te passerais, c’est-à-dire… il te passerait son épée à travers le corps !

Mlle Rosette, qui a l’air assez dragon pour une vestale, se récrie de toute sa force contre sa réintégration au domicile conjugal ; elle persiste à ne pas reconnaître son mari dans cet heiduque furieux.

— Mon mari heiduque ! s’écrie-t-elle, c’est une imposture ! Il est mort, bien mort ; monsieur le marquis, défendez-moi contre ce vilain masque !

Platon, qui n’est là sous le vestibule qu’en sa qualité de domestique et qui n’a pas même songé à se donner l’agrément du masque, demeure ébahi. M. le marquis Jasmin et la vestale Rosette profitent de l’arrivée d’une troupe de masques pour lui échapper et s’élancer dans le bal…

Le bal est dans sa plus belle gerbe d’épanouissement, les intrigues se croisent, les femmes s’aventurent, les maris tremblent.