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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

Son emprisonnement amoureux à Saint-Assise n’était que trop vrai ; la marquise, alarmée de ce bal de l’Opéra, lui avait imposé les arrêts foncés.

Mme de Montesson habitait le château par intérim ; ses soirées prochaines exigeant une disposition nouvelle d’appartemens au Palais-Royal, elle était venue y étudier ses rôles. Saint-Georges, son répétiteur habituel, l’y avait suivie, la marquise ayant jugé convenable de le ramener avec elle à Sainte-Assise quelques jours après la chasse.

Il y a des femmes qui passent avec leur amant un contrat si absolu que pour leurs sujets la chaîne du mariage semble une chaîne douce à-côté de cet esclavage rigoureux.

On rencontre dans le monde de ces amours violens et despotiques, qui ne font souvent que des ingrats, surtout quand ils se fondent sur un souvenir humiliant de protection.

La tyrannie, jalouse de Mme de Montesson excitait parfois chez Saint-Georges le désir de s’y soustraire. Il saisit donc la veille, à Sainte-Assise, l’occasion du duc d’Orléans et de son fils pour se retirer dans sa chambre en prétextant de la fièvre.

À huit heures du soir, le duc de Chartres lui demanda s’il ne le suivrait pas à ce bal de l’Opéra. Sa voiture l’attendait ; Saint-Georges pouvait entendre le piaffement des chevaux dans la cour d’honneur… Comme la marquise était montée dans sa chambre avec le duc, il répondit au prince qu’il regrettait de ne pas l’accompagner.

Le duc d’Orléans demeura seul dans le salon avec