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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

Mmes de Beauveau, de Boufflers, de Ségur, de Luxembourg, toutes remarquables par leur beauté ou leur esprit, toutes dansant, peignant ou faisant de jolis vers. Mme de Montesson se garda bien d’éveiller le prince, qu’elle laissa sous la garde de M. de Brancas. Appuyée sur le bras de Saint-Georges, elle se rendit à cet ambigu préparé dans ses petits appartemens. Le désespoir de Mme de Blot, qui osait à peine toucher aux fruits, la grâce de M. de Valence et les anecdotes piquantes de Mme de Fleury défrayèrent ce repas, dont la marquise fit les honneurs.

Mme de Montesson, le regard attaché sur Saint-Georges, ne lui permettait pas la moindre avance près des autres femmes ; sa jalousie égalait seule son amour… Elle avait oublié, à deux pas de ce prince endormi, qu’elle était sa maîtresse, même sa femme !… Ce qui était d’abord fantaisie était devenu passion.

Comme on le voit, le mulâtre avait monté ; il était devenu le chevalier de Saint-Georges.

Mais de son élévation même, élévation que cet homme ne devait qu’à lui, allait ressortir un drame terrible et qu’il ne prévoyait pas.