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Un menuet

jourd’hui, son carrosse s’arrête au bout de ce quai, elle vient causer quelques secondes avec Glaiseau ; et si elle monte ici, c’est pour me parler de me faire carmélite. Carmélite ! ne le suis-je pas depuis deux, mois ?

— Vous avez raison de vous plaindre de votre parente, Agathe ; mais pourquoi tant regretter ses fêtes ?

— On dit qu’il y a chez elle de si belles comédies !

— Il y a du moins chez elle, reprit Maurice avec un dédain marqué, le fonds d’une excellente comédienne.

— Avez-vous idée de semblable chose, je vous le demande ? m’interdire sa maison !

— Je vous avoue, Agathe, que je ne vous comprends pas.

— Si vous ne me comprenez pas, monsieur, alors vous ne comprenez pas que le bruit de la musique flatte l’oreille, que la rose enivre, qu’une jeune fille ait plaisir à s’entendre dire qu’elle est belle ! Vous ne comprenez donc pas le bal ? dites-moi, le bal, que je n’ai jamais vu, le bal, que je n’ai lu que dans les livres ! Je ne vois que vous, Maurice, et M. Abeille, mon maître à danser, et Glaiseau, qui, je ne veux pas savoir pourquoi, vous obéit. Maurice, vous êtes heureux, vous allez du moins à la cour !

— À la cour de Versailles, une fois par an, c’est possible ; au Palais-Royal jamais ! J’ai appris que dans mon absence, ma mère, qui revient elle-même d’Angleterre, avait fait par lettres des démarches près de Mme de Montesson, son amie ; Agathe,