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LE CHEVALIER DE SAINT GEORGES.

— Est-elle remariée ?

— Remariée, elle ! ah bien oui ! elle est trop heureuse de jouer son rôle de veuve !

— Ses amans l’ont affichée ?

— Elle est trop habile pour mécontenter publiquement M. de Boullogne… Elle a des amans, mais elle les cache ; ils entrent par plusieurs portes, ça les regarde, voilà tout. Les marquises en cela sont plus favorisées que les blanchisseuses, Rosette n’avait qu’une porte…

— Qu’a-t-elle donc fait ?

— Ce qu’elle a fait, monsieur le chevalier, un morne noir d’abominations ! D’abord elle a fait couper la belle avenue de palmistes qui bordait la Rose, sous le prétexte qu’elle attirait les insectes ; elle a refusé à M. de Lassis de retourner avec lui en France, et s’est fait croire malade pendant qu’elle complotait l’horrible trame de son voyage britannique pour comble d’infamie, elle m’a dit un jour qu’elle me trouvait trop âgé, qu’elle avait envie d’un gérant anglais… Un gérant anglais, monsieur ! vous voyez si elle a juré la perte de la Rose !… Transporté de fureur je me suis embarqué dans la compagnie de M. Printemps, qui lui avait déjà rendu son épée de maître d’hôtel en lui disant : "Elle vous a servi fidèlement, madame, ainsi que le maréchal de Saxe ! Dieu veuille que vous ne preniez pas celle d’un Anglais ! "

— Tu n’as pas oublié, j’espère, ta collection de naturaliste ?