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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/78

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LE CHEVALIER DE SAINT GEORGES.

haleine. On n’entrera en chasse qu’à une heure ; le duc d’Orléans est attendu pour déjeuner.

De joyeux petits garçons sont échelonnés sur la route ; ils agitent leurs chapeaux du plus loin qu’ils aperçoivent un carrosse. Greuze n’est pas de la chasse ; sans cela vous le verriez déjà, son fusil d’un côté et son chien Plutarque de l’autre, crayonnant du haut de ce tertre de gazon les roses figures des villageois.

Mme de Montesson se retrouve assise dans le même fauteuil sur le bras duquel, il y a quelques années, se penchait si amoureusement M. de Valence quand le duc d’Orléans en entra et crut bonnement que M. de Valence demandait à Mme de Montesson sa propre nièce !

Devant ce fauteuil est un beau jeune homme en habit de chasse des plus galans et des mieux coupés : — c’est Saint-Georges.

Mme de Montesson a de la grâce ; c’est une physionomie de cour. Elle se lève, elle se rassied comme on ne se lève plus et l’on ne se rassied plus maintenant qu’il n’y a pas de cour. Elle est plâtrée, fardée et crêpée d’un puff au sentiment ; c’est la mode. Des yeux d’un bleu velouté, ombragés de longs cils, donneraient une étrange douceur à son visage si ses lèvres minces et pincées n’inspiraient pas certaine défiance de son caractère. Ce qui domine chez elle, c’est l’impérieux besoin d’être approuvée ; il lui faut l’admiration. Elle aime peu les femmes, ces nuages passagers jetés devant son soleil. La société des peintres des musiciens et des poètes lui plaît : elle ignore