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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/136

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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

— Et je serais un ingrat de ne pas l’acquitter ! Comment donc ! une faillite d’un million donne un produit net de deux cent cinquante mille livres ; c’est la règle. Mon dernier malheur, ainsi partagé entre mes trois associés, m’a enrichi… Il m’est facile…

— Papa Gachard, interrompit M. de Vannes, je n’oublierai pas que vous m’avez aidé, à mon arrivée dans la colonie, à distinguer les vrais sentiers qui conduisent au temple de la Fortune ; vous m’avez soutenu de vos capitaux et de votre crédit, je suis reconnaissant, et je m’invite à souper dans votre petite maison, après demain…

— J’en veux être aussi, reprit à voix basse le conseiller, mais à la condition que l’on jouera un jeu modéré, messieurs. La dernière semaine j’y ai perdu six nègres contre M. l’intendant…

— Bah ! c’est une misère !… nous nous en tiendrons cette fois, avec M. le lieutenant que voici, à deux balles de café pour ouvrir le jeu.

— Je ne prends jamais mon café sans sucre, messieurs, dit M. de Vannes avec un sourire dédaigneux ; monsieur le lieutenant, aux balles de café ajoutons, s’il vous plaît, des balles de sucre…

— Tout ce que vous voudrez ; j’arrive de la Jamaïque, et ma cargaison est assez belle.

— Vous prit-il envie, monsieur le conseiller, d’assister à la procession de la partie espagnole ? L’on m’a vu, moi qui vous parle, à Santo-Domingo, un cierge en main : il est vrai que l’évêque don Fernando del Portillo officiait et nous donnait ensuite à dîner.