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TIO-BLAS.

M. de Langey, et dans cet étrange tournoi, entrepris pour vous et sous vos yeux mêmes, je me flattais raisonnablement d’être le vainqueur !

« Une circonstance singulière m’en fournit bientôt l’occasion, Le bal le plus magnifique se préparait à la colonie pour la réception du nouveau gouverneur ; vous deviez y assister. La toilette des femmes y serait, disait-on, éblouissante ; toutes les sultanes de l’île étudiaient déjà leur costume : car ce bal devait être un bal masqué. Vous aviez choisi l’habillement de Jeanne de Naples. À votre grande surprise, le juif qui vous fournissait vos pierreries avait disposé de cette parure ; une rivale avait fait le coup. Vous alliez vous trouver, dès votre entrée à ce bal, embarrassée par les chuchotemens et les regards curieux ; on ne manquerait pas de se demander comment la femme du noble marquis de Langey n’avait point de diamans ? Le bal réunissait tous les colons opulens de île ; et vous, l’astre des fêtes, vous verriez pâlir votre éclat ; vous, le bouquet des bals, vous laissiez tomber vos fleurs à terre ! Ces réflexions vous assiégeaient, et vous m’en faisiez tristement la confidence quand un nègre domingois vint me demander à la porte de votre case ; je le reconnus vite pour un des miens ; il m’apportait le coffret demandé par l’entremise du juif. Je ne me tins pas de joie, je savais qu’il renfermait un collier du prix de vingt mille piastres ! Les diamans arrivaient fort à propos. Je vous remis le coffret, votre éblouissement égala votre surprise… Dans votre impatience, vous essayâtes le collier ; c’était une constellation magique, une pluie d’étoiles sur votre poi-