Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

Pendant ce court dialogue de M. Printemps avec la marquise, la volière, et surtout Maurice qui la regardait d’un air curieux, occupait l’attention de monsieur de Rohan. L’anniversaire de la naissance de Maurice devait être célébré à ce souper, c’était le moins que M. Printemps crevât deux noirs ou deux chevaux pour satisfaire l’une des plus chères fantaisies de l’enfant gâté. Revêtu d’une charmante étoffe de Perse à fleurs d’or, dont Mme  de Langey lui avait fait présent à l’occasion de ce beau jour où le marquis son fils comptait sept années révolues, Saint-Georges regardait encore la marquise dans un recueillement respectueux, quand tout d’un coup la porte de la volière fut poussée avec Violence, et M. Gachard, que l’on n’attendait pas, entra d’un air effaré.

Tous les oiseaux de la volière, épouvantés à leur tour de sa brusque apparition, battirent des ailes ; la perruque et les manchettes de M. Gachard se trouvant alors dans un si incroyable désordre qu’elles le faisaient ressembler à un épouvantail placé dans un champ de cerisiers…

— Asile ! s’écria le financier, asile, madame la marquise ! Écoutez plutôt ce qui vient de m’arriver, et dites si l’on peut vivre dans un pays comme celui-là !

— Que vous a-t-on fait, monsieur Gachard ? il vous manque, je crois, vos boutons de strass, observa avec anxiété Mme  l’intendante.

— Il me manque, pardieu, bien autre chose ! reprit-il d’un ton de voix lugubrement confidentiel,