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RENCONTRE.

vice de Mme la marquise, Je n’y suis entrée que deux mois avant la mort de son mari. Cet exécrable médecin fit tellement traîner en longueur la maladie, qu’à ma convalescence ma mère eut toutes les peines du monde à le payer… Si je vous avais connue, bonne Noëmi, J’aurais été sur pied bien plus vite. Mais nous n’habitions pas le même quartier…

— Oh ! reprit la négresse en secouant la tête d’un air rêveur, tu dis vrai, Finette, j’ai sauvé la vie à bien des gens ! La nuit de Noël, par exemple… continua-t-elle, en fixant les charbons sur lesquels bouillonnait son vase de terre.

— Et qu’avez-vous donc fait la nuit de Noël ? demanda Finette avec un élan de vive curiosité.

— Oh ! rien… rien qui puisse intéresser une autre que moi…

— Mais encore, mère Noëmi ?

— Eh bien, la nuit de Noël, j’ai sauvé la vie à une grande dame… et à son enfant, il y a de cela quelques années… je ne puis te dire son nom par une raison toute simple, c’est que moi-même je ne le sais pas… Tout ce que je sais, c’est qu’elle était, ainsi que son enfant, en danger de perdre la vie… On est venu me chercher, je les ai sauvés… c’est tout…

— Et depuis, il ne vous a pas été possible de savoir qui elle était ?

— Je n’ai là-dessus aucun indice. Trois jours après cette scène on m’a ordonné de quitter l’habitation des Palmiers, pour venir à celle de la Rose. Pourtant je n’avais rien fait de mal et j’aimais tant les Palmiers !