Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXIV.

Le portefeuille.

À la guerra ! à la guerra ! Espanoles !
(Cantate espagnole.)




La douleur de cet homme était électrique ; elle avait le don de l’attendrissement… Elle pénétra Saint-Georges jusqu’au fond de l’âme ; et, lorsqu’il eut attaché lui-même sa mule à l’un des oliviers desséchés du cimetière, il s’agenouilla…

Le silence n’était troublé autour de lui que par le chant de quelques moqueurs et les versets pieux que l’homme poursuivait à voix basse… Un long abandon avait environné cette tombe de hautes absinthes, qui la cachaient presqu’à tous les yeux : celui qui priait demeura debout devant elle quelques minutes encore… Saint-Georges, épuisé de fatigue, avait reconnu l’église avec un vif sentiment de joie ; c’est là qu’il avait été baptisé. Le curé de Saint-Marc l’avait sauvé une fois ; il écouterait ses peines et lui donnerait peut-être asile… Il était résolu à fuir la Rose ; l’air de la liberté frappait son visage ; il s’exhalait pour lui à chaque pas des émanations divines des

II,

9