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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

ches, il entretiendrait la flamme de sa colère. Tio-Blas avait souri de dédain au nom de M. de Rohan, il regardait sa propre capture comme une chose impossible et de trop haut prix pour cet homme.

Leurs chevaux descendaient alors un chemin assez difficile… De grands mornes, bordés de précipices, rendaient la marche dangereuse par le nombre de sentiers étroits et profonds encaissés dans une sorte de tuf rouge. Quelques coups de fusil retentirent à cet instant.

— Bravo ! tu n’as pas eu peur, dit l’Espagnol à Saint-Georges, qui en effet n’avait pas doublé le trot de sa mule.

Il se vit bientôt entouré, ainsi que son compagnon, de plusieurs noirs espagnols qui s’approchèrent respectueusement de Tio-Blas.

— Faisons halte, dit-il ; vous avez bien fait de me rejoindre. Voici un nouveau que je vous présente ; votre signal n’a pas eu l’air de l’effrayer, il va dîner avec nous.

Le gazon brûlé servit de nappe, de table et de sièges. Quelques viandes froides, l’eau d’un ruisseau voisin mêlée d’un peu de rhum, du biscuit et de la cassave complétèrent le repas. À travers les arbres on apercevait une jolie savane.

Assis sous un figuier blanc très-élevé, Saint-Georges examinait avec stupeur cette troupe armée, dont l’équipement seul indiquait assez la profession. Sa mule était épuisée de fatigue, Tio-Blas lui en fit seller une autre. Escorté de ses hommes, il devait re-