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AU PÂTRE DE LA MONTAGNE

Quand meurt le crépuscule aux cieux, quand l’oiseau chante,
Quand le bœuf ruminant mâche un parfum de menthe,
As-tu la nostalgie, en ce calme du soir,
Des mille et mille feux qui brillent dans le noir,
Et du grand bruit que font tant de paroles vaines
Qui tombent, au hasard, de nos lèvres humaines ?
Veux-tu quitter ces monts et ces herbages frais,
Les abîmes sans fond où plongent les forêts,
Pour perdre à tout jamais le repos de ton âme ?
Pour rechercher l’ivresse et brûler à sa flamme ?

. . . . . . . . . . . . . . . .

Reste sur tes sommets, pâtre, tout près du ciel,

Au nid des aigles ; prends à tes ruches leur miel,
Bois le lait de ta chèvre, et cueille la myrtille,
Tisse tes vêtements qu’une bergère file.
Qu’importe l’âpreté du climat, le pain dur !
Sur les ailes du vent tu planes dans l’azur !
Dans la rue on étouffe ; ah ! bénis ta demeure !
Ta grande paix vaut mieux que nos plaisirs d’une heure.