Page:Roinard - Nos plaies, 1886.djvu/233

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AMBITION

à GIRAUDET.

 
Heureux ces vaillants inconnus !
Géants courbés, rustres superbes,
La tête au vent et les bras nus
Qui bottèlent gaîment leurs gerbes !
Heureux, ces filles, ces garçons
Qui sous le soleil, sains et calmes,
Glanent l'épi d'or des moissons
Sans jamais rêver d'autres palmes !

L'aïeul penche son front lassé
Sur sa poitrine haletante ;
Un beau rêve rose a passé
Dans sa cervelle radotante ;
Son vieux cœur sursaute,
mordu
Des âpres fièvres de l'envie ;
Par un sentier pénible, ardu,
Il arrive en haut de la vie :

« Eh quoi ! le simple grain de blé
« Pousse une forte et pleine tige !
« Tout renaît grandi, centuplé ;
« Du ver un papillon voltige :