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Page:Roinard - Nos plaies, 1886.djvu/275

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A DIEU S’IL EXISTE


Si tu voulais vouer ma race à tous les maux,
Pourquoi donc nous donner des instincts de génie
Et créer, en créant le roi des animaux,
Le prêtre qui te vend, le savant qui te nie ?
S’il est vrai que tout tourne autour de ton essieu,
Meilleur, plus Dieu que toi, poète et réfractaire,
Moi je te crache au nez les larmes de la terre :
J’en rougirais si je m’appelais Dieu !

Enfin, si j’étais Dieu, si j’étais toi, tyran !
J’aurais honte et pitié de l’infini qui souffre ;
J’essaierais une fois d’être bon, d’être grand,
Et m’engrossant d’éclairs et de lave et de soufre,
Dans un tonitruant rayonnement de feu,
M’irradiant partout en flamboyante pieuvre,
Je me ferais sauter moi-même avec mon œuvre,
Prouvant ainsi que j’étais vraiment… Dieu !



FIN