celle-ci, car enfin, de gré ou de force, il faudra bien qu’elle partage avec nous ce qu’elle recevra.
Parmeno. Tu as bien dit, tais-toi, car la porte est ouverte. Elle est chez elle, appelle avant d’entrer, peut-être sont-elles déshabillées et ne voudront-elles pas être vues ainsi.
Sempronio. Entre, ne crains rien, nous sommes tous de la maison ; elles mettent déjà la table.
Célestine. Ô mes amoureux ! mes perles d’or ! que l’année me soit aussi heureuse que votre visite m’est agréable !
Parmeno, à part. Quels discours tient la vieille ? Vois-tu, frère, ces feintes caresses ?
Sempronio. Laisse-la, elle ne vit que de cela, je ne sais qui diable lui a enseigné tant de méchanceté.
Parmeno. Nécessité et pauvreté, la faim surtout ; il n’y a pas de meilleure conseillère au monde, il n’y a pas de meilleur excitant pour l’esprit. Qui a enseigné aux pies et aux perroquets à imiter avec leurs langues habiles notre voix, notre organe et nos paroles, si ce n’est la faim ?
Célestine. Fillettes, follettes, descendez vite, il y a ici deux hommes qui veulent me faire violence.
Élicie. Je croyais qu’ils ne viendraient pas ; ils y mettent le temps, il y a trois heures que ma cousine est ici. Ce paresseux de Sempronio aura été cause du retard ; il n’a pas d’yeux pour me voir.
Sempronio. Tais-toi, ma reine, ma vie, mes amours ; qui sert n’est pas libre ; ma dépendance me préserve de toute accusation. Ne nous fâchons pas et mettons-nous à table.
Élicie. C’est cela, tu es toujours prêt en pareil cas ; te voilà assis, les mains propres et sans honte.
Sempronio. Nous nous fâcherons plus tard, mangeons. Assieds-toi la première, mère Célestine,