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moins, dans cette organisation de 1777 qui mettait toute l’administration entre leurs mains, singulièrement puissants. Choisis parmi les maîtres des requêtes, touchant 10,000 livres de gages, représentant le ministre, ayant leurs bureaux non pas au Contrôle général, mais dans leurs hôtels même[1], ils dirigeaient comme autant de petits ministères, n’ayant entre eux d’autre lien que les réunions bi-hebdomadaires de leur Comité.

Ils étaient tous à des degrés divers, selon leur tempérament, nettement protectionnistes et nullement disposés à continuer Trudaine et Turgot. Roland ne pouvait donc que leur déplaire non seulement par l’indépendance et l’âpreté de son caractère, mais aussi par sa doctrine et ses tendances.

En 1780, ils étaient au nombre de quatre, et leurs départements étaient établis de la manière suivante (Alm. royal de 1780, p. 202) :

MM. de Montaran, père et fils. — La généralité de Paris, à l’exception de la ville[2], le Roussillon, le Languedoc, la Provence, le Dauphiné, l’Auvergne, les généralités de Montauban et d’Auch, les manufactures de toiles et toileries ».

M. de Cotte. — Le Lyonnais, Forez et Beaujolais, la Bourgogne (duché et comté), la Bresse, les généralités de Limoges et de Tours, le Maine, le Poitou, les généralités de La Rochelle et de Bordeaux, les manufactures de soies.

M. de Tolozan. — La Normandie, la Bretagne, les généralités d’Orléans, de Bourges et de Moulins, les manufactures de bas et autres ouvrages de bonneterie, et la caisse du commerce.

M. Blondel. — La généralité de Soissons, la Picardie et l’Artois, la Flandre, le Hainaut, la Champagne, les Trois Évêchés, la Lorraine et l’Alsace, les papeteries et les tanneries.


§ 2.

Jacques-Marie-Jérôme Michau de Montaran (1701-1782) était Intendant du commerce depuis 1774 et se trouvait par conséquent le doyen du Comité. Il avait été un des adversaires les plus marquants de Gournay. Son fils lui avait été adjoint en 1757, avec survivance.

Jean-Jacques-Maurille Michau de Montaran (1735-17…), d’abord adjoint à son père, lui succéda en 1782. La correspondance des Roland nous le montre courtois et affable, mais aussi hostile que son père aux idées nouvelles. Un édit du 5 juin 1787 (ministère de Brienne) ayant ramené de quatre à une seule (qui fut confiée à Tolozan) les charges d’Intendant du commerce. Montaran cessa ses fonctions. Nous le retrouvons cependant Intendant du commerce en 1789, 1790 et 1791, et travaillant en cette qualité à assurer la subsistance de Paris durant ces années de crise, mais il semble que ce soit à titre d’adjoint

  1. C’est pour cela que nous voyons Madame Roland, dans ses sollicitations de 1784, courir de la rue de Varennes, chez M. Blondel, à la rue du Grand-Chantier, au Marais, chez M. Tolozan, etc… — Les Intendants allaient bien travailler avec le Contrôleur général, soit à Versailles, soit à l’hôtel Pontchartrain, rue Neuve-des-Petits-Champs, mais ils avaient leurs bureaux chez eux et y donnaient leurs audiences.
  2. Le lieutenant général de police remplissait, pour Paris, en ce qui concerne le commerce et les manufactures, le rôle d’un Intendant du commerce.