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Appendice F.



LES INTENDANTS DU COMMERCE.

§ 1er.

Il ne peut être question ici d’esquisser, même sommairement, l’histoire des Intendants du commerce au XVIIIe siècle. Il suffira de marquer ce qu’ils étaient en 1780 et de réunir, sur ceux dont Roland eut à dépendre le plus directement, les renseignements nécessaires.

Institués en 1708, supprimés en 1715, rétablis en 1724, les Intendants du commerce étaient, sous la direction du Contrôleur général des finances, « de véritables chefs de bureau des affaires commerciales »[1]. Depuis la retraite forcée et la mort de Trudaine de Montigny, c’est-à-dire depuis la suppression par Necker de la direction générale du commerce, leur rôle était devenu prépondérant. Un édit du 1er septembre 1777 avait prescrit qu’ils délibéreraient entre eux toutes les affaires et qu’ils s’assembleraient deux fois par semaine en Comité. Il n’y avait plus d’intermédiaire entre eux et le ministre[2]. Ils correspondaient directement avec les Intendants des provinces. Les inspecteurs des manufactures étaient placés sous leurs ordres.

Chacun d’eux avait, dans son département, un certain nombre de généralités, — et en outre, depuis 1744, la surveillance générale d’une des grandes branches de l’industrie française. C’est ainsi que nous voyons Roland, à Amiens, relever de l’Intendant Blondel qui avait la Picardie dans son ressort, et en même temps de l’Intendant Tolozan, parce que celui-ci était spécialement préposé aux « manufactures de bas et autres ouvrages de bonneterie » dans toute la France.

Les charges d’Intendants du commerce, d’abord créées à titre d’offices transmissibles, avaient été transformées, surtout depuis 1777, en commissions révocables. Mais, pour avoir été ramené à la condition de fonctionnaires, les Intendants du commerce n’en étaient pas

  1. Eugène Lelong, Introduction à l’Inventaire analytique des procès-verbaux du Conseil de commerce et du Bureau du commerce (1700-1791), dressé par M. Pierre Bonnassieux et publié par les Archives nationales, Paris, Imprimerie nationale, 1900. Cette magistrale Introduction nous a été d’un précieux secours pour cet Appendice, M. François Dumas, professeur à la Faculté des Lettres de l’Université de Toulouse, auteur de travaux appréciés sur le commerce au XVIIIe siècle, nous a fourni d’autre part d’utiles indications.
  2. Nous négligeons forcément, dans ce résumé si succinct, quelques points accessoires, tels que les rapports des Intendants du commerce avec les commissions consultatives qui, sous le nom de Conseil de commerce et de Bureau du commerce, fonctionnèrent, tantôt successivement, tantôt simultanément, auprès de l’administration centrale.