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[À ROLAND, À AMIENS[1].]
Samedi, 1er mai 1784, à 8 heures du soir, — de Versailles.

Tu auras reçu de mes nouvelles par l’ami Lanthenas, que j’ai chargé de t’en donner sur le revers de la lettre de M. Valioud[2] ; ainsi je n’ai

    Nous irons voir, avec la chère sœur, le zélé M. Audran. Je dois passer aujourd’hui chez un pelletier pour renouveler mes instances et rappeler ses promesses. J’ai la plus grande peine d’en tirer quelque chose. Voilà huit heures qui vont sonner bientôt. La chère sœur se repose sans doute encore, il se prépare une belle journée ; elle aura au moins, ce voyage, un temps plus commode que les passés. Je vous embrasse, mon ami, de tout mon cœur.

  1. Ms. 6239, fol. 67-68.
  2. Voici cette lettre de Valioud, ainsi que la lettre de Lanthenas écrite au revers :

    Ce samedi, 1er mai.
    Madame

    M. Tolozan a parlé hier de votre affaire à MM. les Intendants du commerce. Ils lui ont tous paru très bien disposés en votre faveur. M. de Blondel lui a même dit qu’il vous avait instruite de ce qu’il fallait que vous fissiez. En conséquence, je crois que c’est le cas d’aller en avant et de faire agir vos amis. Je profite avec empressement de cette occasion pour vous renouveler les assurances du respect, etc.

    Valioud-Dormenville.

    Et Lanthenas ajoute :

    « La chère sœur, mon ami, est à Versailles et m’a chargé de vous écrire aujourd’hui au revers de la lettre de M. Valioud. Elle est partie avec l’espérance d’obtenir que M. de Vergennes écrive à M. de Calonne, et alors, avec l’assurance qu’on lui donne du bon témoignage que donneront les Intendants du commerce, l’affaire est immanquable. Je l’accompagnai hier aux voitures de la Cour d’où elle est partie à deux heures et demie après une attente assez longue pour un quatrième. Je fus après entendre pour la première fois au Jardin du Roi M. Foucroy. Il traita ce jour du soufre et, au sujet des propriétés qu’on lui attribue tout nouvellement, il dit fort peu de chose remarquables. Il ajouta seulement, relativement à la sorte de médecine qu’on en espère, que tout cela n’était point nouveau, et qu’il n’y avait qu’à lire Cardan, De causis secretis, Fernel et Kirker sur le même sujet, pour s’en convaincre. Je l’avais vu le matin, chez lui, au Marais, pour la première fois depuis ses cours. Nous avons parlé ensemble aussi de la doctrine de Mesmer, et il m’a appris que le Roi avait chargé M. de Breteuil de nommer treize commissaires pour examiner toute cette affaire et lui en faire particulièrement à lui-même un rapport pour qu’il en ordonne ensuite ce qu’il jugera convenable. Vous imaginez bien que la cabale se mêlera encore infailliblement de ce rapport et que pour ceux qui ne voudront pas y croire, le juge ne leur paraîtra guère compétent. Au reste, les médecins courent chez Deslon, ceux même de Paris, au grand scandale, dit mon maître, de la