Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/467

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à te répéter de ses raisons, mais cela t’avancerait peu. Je verrai Panckoucke — avant de m’en aller de Paris, j’entends. Il faut prendre patience encore pour cet article ; il en est bien d’autres pour lesquels la même recette est nécessaire. Je ne vois à rien pour nous défaire des Lettres.

La bonne désirerait savoir des nouvelles de son petit frère, s’il a paru à la maison ces fêtes, s’il se porte bien ; elle prie Louison[1] de s’informer aussi de Mme Cagnon, braves gens chez qui elle fut au mardi gras.

Notre Nestor chevalier est émerveillé du mémoire ; et, depuis qu’il l’a lu, il veut ton extrait de baptême, celui de ton père et de ton grand-père et leurs extraits de mariage : avec cela il prétend faire obtenir des Lettres de reconnaissance ; et moi je te jure qu’il disserterait là-dessus jusqu’à notre seconde génération, s’il vivait encore aussi longtemps. Mais enfin, je l’engagerai à se passer de ces pièces et à faire d’ailleurs ce qui pourra (sic), ce qui n’est pas trop clair.

En vérité, mon bon ami, j’ai bien la confiance d’oublier près de toi tous les défauts de succès, les revers ; je crois que je ne voudrais même pas acheter ce plus grand succès par une absence encore aussi longue que celle que je viens de passer. Je sens plus vivement que jamais qu’aucun bien ne peut équivaloir à celui de la tendre amitié, de l’intime dévouement répandant ses douceurs sur tous les instants du jour. J’ai hâte de retourner en jouir ; je ne vis point : mon cœur, tout moi-même est sans cesse autour de toi et de notre enfant. Pauvre petit être ! Qu’il apprécie et goûte un jour une union comme la nôtre, nous lui aurons appris et donné ce qu’il y a de meilleur au monde !

Je vais me coucher, il est tard ; je laisse à l’ami de joindre ici un mot. La parodie de la Caravane[2] m’a fait rire ; le reste était détestable. Adieu, mon cher et bon ami ; je t’embrasse affettuosissimamente[3].

  1. La cuisinière d’Amiens.
  2. La parodie de la Caravane que Rosière et Radet faisaient jouer aux Italiens. (Voir Mém. secrets, 30 janviers et 28 juillet 1784.)
  3. Suit un post-scriptum de Lanthenas, que voici :

    Vous saurez, mon cher, que le fabricant des sparteries [Gavoti de Berthe, voir lettre du 3 janvier 1782] vient de faire banqueroute et qu’on vendait l’autre jour tout chez lui par autorité de justice. Ce n’est point un bon témoignage pour sa pompe, qui, dit-on, l’a ruiné.