Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/494

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ami est dans une situation d’âme la plus triste qu’on puisse imaginer. Dégoût de tout, apathie absolue, malheureux en vérité ; la santé s’en ressent, comme il est inévitable.

Je vais trouver un secrétaire, voir Mlle  de la B[elouze] et faire ce que je t’annonçais hier : tous les possibles, puis m’en aller.

Adieu, mon cher et bon ami ; je t’embrasse de tout mon cœur.


Lanthenas ajoute :

M. D. [d’Antic] a tant en tête la partie d’Ermenonville, que, ne pouvant avoir lieu dimanche, puisque la chère sœur à rendez-vous lundi, sans compter ce qui viendra, qu’il proposait hier d’y aller quand elle s’en retournera, et de demander alors au frère (?) des chvx [chevaux] pour son retour à Amiens par Crespy[1]. Mais la chère sœur ne le goûte pas pour beaucoup de raisons.

    des dispositions fréquentes de me trouver mal. Nous devons cependant aller chez de l’Isle ce soir t probablement demain à Figaro.


    « Quoi diable allez-vous chercher avec votre querelle ? On a voulu vous badiner. On ne vous plaint pas moins. On ne parle pas moins souvent de vous avec plaisir, on ne vous désire pas moins, on ne vous aime pas moins. Et, lorsque hier, votre moitié m’a annoncé à peu près le terme de son départ, j’ai plus pensé à votre rapprochement qu’a son départ d’ici, qui, malgré la surcharge d’affaires, fera certainement un vide très considérable dans ma manière d’être.

    « Adieu, je vous embrasse cordialement. »

    Mais déjà Roland, radouci, écrivait à Bosc, le même jour (13 mai, ms. 6240, fol. 240-241), d’un ton bonhomme : « Vous avez grandement raison, et il en faut faire justice ; mais où la prendre, cette femme que vous libertinez ? J’apprends tous les jours de nouvelles fredaines, et, lorsque vous n’en êtes pas l’auteur, du moins les partagez-vous. Ah ! qu’avez-vous à dire ? …Dite-le-moi sérieusement, avez-vous résolu de garder longtemps encore ma moitié ? Savez-vous bien que je commence à me lasser d’une si longue absence, et que, si bientôt on ne coupe court, je me fâcherai à la fin ? …Aimez-moi toujours, je vous embrasse de tout mon cœur. »

  1. Lignes peu lisibles dans le manuscrit. — Sur cette partie projetée d’Ermonville, voir les lettres suivantes.