Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/493

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Connaissez-vous ce qu’on dit du magnétisme des prêtres indiens ?

Je vous embrasse, mon ami.


Ici, Madame Roland prend la plume.

Tu recevras celle-ci, bon ami, en même temps que celle que j’ai remise hier soir à l’ami d’Antic, et que je te fis en arrivant. Je regrette beaucoup celle de Versailles où je te répondais à mille petites choses au courant desquelles je ne suis plus, et où je raisonnais longuement sur nos affaires. Cela me contrarie extrêmement, car, le moment passé, on ne s’y reporte plus aisément. Le frère a vu les imprimeurs et les a de nouveau pressés ; je les reverrai encore. Mme  Bussière était malade quand je suis partie ; je ne l’ai plus trouvée à mon retour.

Au sujet de l’ami d’Antic, je n’entend rien à ce que tu m’en dis, et je le vois aussi ne sachant trop, sur tes lettres, à quelle sauce manger le poisson. Je lui répétais, à cette occasion, ce que je t’écrivais dans ma lettre perdue. : « Quand vous voulez, vous autres lions, plaisanter entre vous, vous avez toujours la voix rude et la patte raide ; laissez le caquet à nous autres petits oiseaux, qui pouvons nous jouer sur votre crinière sans chagriner personne[1] ». Ce qu’il y a de vrai, c’est que ce pauvre

    appelé Père Hervier, non content de guérir les âmes, a voulu guérir aussi les corps. Il a acheté, du bénéfice de ses sermons, le secret de Mesmer. Sa réputation l’ayant fait appeler à Bordeaux pour la station du Carême, il remplit aussi son second apostolat et propage de son mieux la secte de son maître. » Il finit par être interdit par l’archevêque de Paris (Mém. secrets, 5 décembre 1784 et 9 juillet 1785). — En 1791, il était bibliothécaire des Grands-Augustins (Tuetey, III, 948, 949), et prêchait à Notre-Dame le 24 septembre pour célébrer la constitution (ibid, I, 2618).

  1. Roland avait fini par avoir un accès d’humeur à propos des familiarités de Bosc. On trouve, au ms. 6239, fol. 94-95, un billet de celui-ci, du 13 mai [1784], où il dit à Roland :

    « J’ai revu hier votre bonne moitié, après trois jours de privation. J’étais dans un état d’âme extrêmement pénible, la sienne n’était pas non plus dans son assiette naturelle. L’heure que nous avons passée ensemble n’a pas été bien agréable. Elle a été des plus troublée par l’inquiétude que lui a donnée la perte d’une lettre à vous, qu’elle m’avait adressée de Versailles et que je n’ai pas reçue. Ainsi vous ne serez pas étonné de la lacune qui se trouvera dans votre correspondance. Si la lettre ne se retrouve pas, on cherchera à la suppléer.

    « Aujourd’hui je suis encore mal. À peine puis-je me tenir sur mes jambes ; je suis dans