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Non, mon ami, les comptes ne sont pas précisément comme tu les entends. Voici :


J’ai reçu en 1785 
 3,288 livres
J’ai mangé cette même année 
 3,414         
Déduisant sur la suivante ce surplus mangé d’avance. J’ai, reçu en 1786, du 1er Janvier au dernier décembre 
 3,041         
Et j’ai dépensé 
 3,010         
En janvier 1787 j’ai reçu 
 480         
Il me reste huit louis en tout, aujourd’hui 13.
 

Il y a des sollicitudes et des misères, je les sens ; mais je ne pense pas que nous eussions grand avantage à notre particulier[1] ; et quand Mme  Chev[andier], qui en dépense douze ou quinze, dit que nous ferions merveille à Lyon avec quatre, je ne l’en crois pas plus qu’en beaucoup d’autres petites choses ; ou bien elle nous met si loin d’elle, qu’elle croit ne pouvoir jamais rabattre assez. C’est bon quant aux prétentions et au faste ; mais, dans son total de douze ou quinze mille livres, elle ne compte sûrement rien de ce qui tient aux personnes, surtout à la sienne ; et quand nous supputerons pour nous un loyer convenable, la nourriture et les gages des domestiques, le gros du ménage, dans une ville comme Lyon, nous trouverons vite un total effrayant[2].

Je compte bien, comme toi, que je ne tirerai rien ; mais obtenons

  1. C’est-à-dire à ne plus faire ménage commun avec le chanoine.
  2. Des notes de la main de Madame Roland (ms. 6239, fol. 200) complètent ces comptes de ménage ; nous ne croyons pas inutile de les reproduire ;

    Ce 30 janvier 1787.

    Donné le congé à Saint-Claude, honnête homme et serviteur actif, mais dont le caractère, trop difficile pour ses camarades, et le ton querelleur, que les maîtres mêmes ne pouvaient lui faire baisser quand il l’avait pris, m’ont obligé à renvoyer de mon service, pour la paix du ménage. Ce n’est pourtant pas sans regret.


    Ce 24 février 1787.

    Compté avec la boulangère et payé pour l’année 
     213 l. 2 s.

    Pain de la salle.
    233 liv. pain blanc à 1 s. 6 d.
    920 liv. à 2 s. 9 d.
    291 liv. à 2 s. 10 d.
    ______
    Total : 1,444 liv.
    103 liv. pain bis. à 1 s. 9 d.
    Plus, pour les cuissons du pain cuisine à compter sur le pied de 3 novaines de blé 
     7 l.

    Sommes alors à la campagne : je donne 6 livres à chacun des autres domestiques de la campagne.