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La première chose à faire est de s’emparer de toutes les caisses de Paris, de former une caisse publique à l’administration de laquelle on nomme des citoyens capables, afin de remplir le double objet d’ôter à la cour tout argent et de pourvoir aux besoins du peuple.

Le second article important est d’établir un comité pour les subsistances.

Le troisième, de former des liaisons avec les provinces pour s’assurer les vivres et les secours de toute espèce.

Il est probable que la cour restera tranquille en apparence, jusqu’à ce qu’elle se soit appuyée de troupes étrangères ; il faut donc veiller à leur interdire l’entrée du royaume.

La Flandre semble être la province par laquelle on cherchera d’abord à les introduire ; l’attention, les moyens et la confédération indispensables doivent donc se diriger de ce côté avant tout autre, mais sans négliger aucune frontière.

Tous les courriers, toutes les dépêches de la cour à ses divers subordonnés dans la capitale doivent être arrêtés et soumis à l’examen d’un comité formé à cet effet.

    Madame Roland, du fond de sa province traçant a ses amis un plan identique.


    Nous nous sommes demandé toutefois en la voyant parler un peu plus loin du « Comité des Électeurs », si sa lettre n’aurait pas été écrite le 15 ou le 16 juillet, à l’heure où l’on apprenait en province le renvoi de Necker, et avant de connaître la prise de la Bastille, alors que c’étaient vraiment les Électeurs nommés en avril qui gouvernaient la capitale. Mais il semble bien que les pouvoirs municipaux successivement constitués, Comité provisoire de 60 membres (20 juillet), Assemblée des 120 (25 juillet). Assemblée des 180 (25 août), Assemblée de 300 (18 septembre), pouvaient être considérés, en attendant l’installation de la Commune provisoire (qui n’est que du 8 octobre), comme étant toujours « le Comité des Électeurs ». C‘est ainsi du moins, croyons-nous, que l’entend Madame Roland.


    De même, le passage de la lettre relatif aux « subsistances » aurait pu faire songer au mois de juillet, où la crise fut très aiguë à Paris. Mais elle ne le fut pas moins en septembre et octobre (voir Catal. Charavay de 1862, n° 294, art. 8-11, etc.), la bonne récolte sur le marché de la grande ville. Il suffit d’ailleurs de rappeler que, le 5, la foule marchait sur Versailles en demandant du pain, et, le 6, rentrait en se réjouissant de ramener le « boulanger, etc. »

    D’ailleurs, l’allusion du début de la lettre indique nettement les premiers jours d’octobre.