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été notaire à Paris) et jouissant d’une belle aisance, aurait été un associé précieux. (Voir aux Papiers Roland, ms. 9534, fol. 219-220, 231-232, etc., les lettres de Lanthenas à Bancal.) Lanthenas fit aussi des ouvertures à un riche quaker anglais, Robet Pigott, adepte enthousiaste de la Révolution française, qui voyageait alors du côté de Genève et de Lyon.

C’est à cette occasion et en vue de ce projet que commença, le 22 juin, la correspondance de Madame Roland avec Bancal des Issarts. Les Roland étaient encore à Lyon, retenus par les élections départementales. Bancal, demeuré à Clermont pour un motif semblable (il était candidat au poste de procureur général-syndic et échoua), vint les rejoindre à Lyon dans les premiers jours de juillet, les accompagna au Clos (7 juillet), et, après un très court séjour, se mit en route pour Paris, où il devait représenter son département à la grande Fédération du 14 juillet, mais en promettant de revenir.

À ce moment-là, Roland a une vive alerte. La suppression des octrois, demandé par lui et ses amis, prononcée par la municipalité le 8 juillet, interdite par un décret de l’Assemblé nationale du 13, amène une sanglante émeute (25-26 juillet). L’émeute est bientôt vaincue, la ville est occupée militairement ; mais les ennemis de Roland l’accusent, bien qu’il eût quitté Lyon dès le 7, d’avoir été l’instigateur des troubles. De là des lettres pressantes à Brissot pour qu’il présente les choses sous leur véritable jour ; de là aussi ce voyage du 4 au 6 août, où Madame Roland, laissant son mari au Clos, se rend à cheval à Lyon pour se rendre compte de la situation et des déterminations à prendre.

L’orage était calmé, lorsque Bancal et Lanthenas arrivent de Paris le 330 août ; on jouit de la campagne, on s’entretient de l’acquisition projetée en commun ; on va passer quelques jours à Lyon, entre le 15 et le 20 septembre ; puis Bancal, demeuré à lyon un peu après Roland pour s’y occuper avec Lanthenas de propagande politique, revient un instant au Clos et n’en repart que le 2 octobre. C’est alors, et peut-être au moment des adieux, qu’il dut laisser voir à Madame Roland plus d’émotion que n’en comportait l’affection confiante qu’elle offrait à ses amis (voir lettre des 8 et 28 octobre).

Le 31 octobre, elle va à Villefranche confier sa fille aux Dames du couvent de la Visitation, où il semble que l’enfant, retirée de chez Frossard, eût déjà passé quelques mois auparavant.

Cependant Roland, rassuré sur la situation de Lyon depuis son voyage de mi-septembre, s’y était installé de nouveau, y avait repris son rôle et avait été nommé officier municipal (15-18 novembre). Sa femme s’apprête à aller l’y