Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/915

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et d’âme que pour le triomphe des grandes vérités et le succès de notre régénération.

Nos campagnes sont très mécontentes du décret sur les droits féodaux[1] ; on trouve le taux du rachat des rentes et lods infiniment onéreux ; on ne rachètera ni ne payera : il faudra une réforme ou il y aura encore des châteaux brûlés. Le mal ne serait peut-être pas si grand, s’il n’était à craindre que les ennemis de la Révolution profitassent de ces mécontentements pour diminuer la confiance des peuples dans l’Assemblée nationale et exciter quelques désordres qu’ils ambitionnent comme un triomphe et comme un moyen de revenir sur l’eau.

On fait à Lyon les préparatifs du camp[2] ; envoyez-nous donc de braves gens qui fassent trembler l’aristocratie dans sa tanière. On avait mis en question si l’on permettrait aux femmes l’approche du camp ; apparemment que ceux qui avaient élevé ce doute préméditaient quelque trahison ; mais l’idée était trop choquante, elle n’a pas pris.

Adieu : causez une fois avec nous.]

Je ne vous adresse pas souvent de lettres, parce que je vous sais fort occupé et que je regarde celles à l’ami Lanthenas comme vous étant communes avec lui.

Notre ami n’est pas encore tout à fait bien.

Adieu. Nous vous embrassons.

  1. Décret du 3-9 mai 1790 sur le mode et le taux du rachat des droits féodaux rachetables.
  2. Le camp formé sous Lyon, aux Brotteaux, pour y célébrer, le 30 mai 1790, la fête de la Fédération. — Voir dans Champagneux, Disc. prélimin., p. xxiii-xxv, le récit ému de cette fête patriotique, à laquelle se rendirent 60,000 hommes des gardes nationales de la région, et dont Madame Roland publia la relation dans le Courrier de Lyon du 1er juin. Camille Desmoulins la reproduisit (Révolution de France et de Brabant, n° 30).