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N’abandonnez pas votre fédération du 14 juillet ; tenez-y et faites-la. Mais, tout en jurant adhésion, obéissance ; dévouement aux décrets, ayez grand soin d’insinuer la nécessité de sanctionner la Constitution par la voix de la nation même dans une Convention ad hoc, sans cela nous ne faisons que de l’eau claire.

Je suis impatientée du fatras de cette vieille hiérarchie, archevêques, primats, évêques, etc. Bientôt on va nous conserver aussi des chanoines. Que de frelons, que de brouillons théologiens, ambitieux, sectaires, intolérants, sanguinaires, fauteurs de sottises et de corruption[1] !

L’Assemblée a donc perdu sa boussole ? Si cela continue, ses derniers décrets bouleverseront, sans qu’on s’en doute, tous les principes de la constitution établie dans les premiers temps.

Je parlerais plus d’Eudora si elle m’occupait moins ; je suis assez habile à conduire le sentiment, mais je ne sais pas le faire naître dans un cœur froid. Ce froid-là me déconcerte, moi et ma méthode ; j’ignore la prise qu’on peut avoir sur une tête qui ne se fixe point, et un caractère qui ne s’émeut de rien.

J’en jette mon bonnet par-dessus les moulins, et j’avoue ne rien entendre à pareille éducation.

Adieu, adieu.


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[À LANTHENAS, À PARIS[2].]
20 juin 1790, — de Lyon.

Elle mande le départ pour Paris de M. Blot, député par Lyon pour obtenir du Gouvernement des secours pour payer les dettes de cette ville. Elle fait un piquant tableau de ce personnage qui, tour à tour, a secondé Roland dans ses

  1. On discutait alors, à l’Assemblée, la constitution civile du clergé, qui ne fut votée que le 12 juillet 1790.
  2. L. aut., 8 pages in-4o, n° 166 de la vente du 13 juillet 1878, Ét. Charavay, expert, — (nous empruntons l’analyse à ce catalogue) ; — vendue de nouveau, n° 135, le 2 décembre 1889, Ét. Charavay. Il ressort de la lettre suivante que celle-ci est adressée à Lanthenas.