Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1039

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alertes que jamais dans la Bresse et la Bourgogne ; on répand qu’il y a eu des mouvements à Besançon. Notre ami, faisant aujourd’hui l’inventaire des papiers d’un de nos conspirateurs, a trouve une liste qu’on avait déjà annoncée, et qui semble être celle de leurs affidés dans les différentes classes. On y voit qu’il y a bien des loups sous la peau de brebis, et que tel qui joue le patriotisme travaillait à la contre-révolution. Tous ces gens-là font sotte figure malgré leur masque ; j’espère qu’ils n’auront jamais beau jeu ; ainsi soyez tranquille. Vous en serez quitte pour que nous vous disions un jour, comme Henri IV à Grillon : « Pends-toi, brave citoyen : nous avons remporté la victoire et tu n’y étais pas » ; mais il vous restera toujours bien à faire pour le salut de la patrie.

Vous[1] aurez reçu, mon cher ami, la lettre que je vous ai écrite il y a dix jours environ, où je vous donnais quelques détails sur la découverte de la contre-révolution. Les Allemands sont partis d’ici. Les soldats, étaient furieux contre leurs officiers. Ils juraient, dit-on, de s’en venger. La Chapelle[2] a aussi son congé avec injonction de se retirer ou il voudrait, ce qui équivaut, il semble, à une disgrâce. Il est arrivé un autre commandant qui le remplace, officier de fortune, mais royaliste en diable, ce qui fait qu’on l’observera. — Let you say to us something about your progresses in the english tongue ; farewell.

  1. Ce qui est de Lanthenas.
  2. C’était le général qui commandait les troupes envoyées à Lyon après l’émeute du juillet 1790 (voir lettre 379). — On le soupçconnait de complicité avec les conspirateurs, et l’Assemblée, dans son décret du 18 décembre sur la translation à Paris des prisonniers, avait réclamé son éloignement.