Aller au contenu

Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1041

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En août, la mission de Roland avait heureusement abouti. En effet, par suite d’une mesure générale (décret du 5-10 août 1791, relatif aux dettes contractées par les Villes et Communes), à laquelle ses démarches incessantes semblent avoir contribué, l’État avait pris à son compte environ 33 millions et demi de la dette lyonnaise, ne laissant guère que 6 millions à la charge de la ville (Wahl, p. 404).

Il fallait songer au retour. Madame Roland partit le 3 septembre pour arriver à Villefranche le 8, et se rendre presque aussitôt à la campagne ; Roland, le 19, pour rejoindre sa femme au Clos le 25, — non sans avoir encore obtenu pour Lyon divers avantages complémentaires (hôpitaux, ponts, etc. Voir lettres 426 et 449, notes).

Madame Roland avait ramené avec elle Sophie Grandchamp. Elles allèrent ensemble à Lyon, du 30 septembre au 16 octobre, s’arrêtèrent ensuite à Villefranche, puis retournèrent passer quelques jours au Clos avant le départ de Mme Grandchamp pour Paris.

Cependant la suppression des inspecteurs du commerce (décret du 27 septembre) enlevait à Roland sa situation et son traitement, sans qu’il fût sûr d’obtenir une retraite. D’autre part, son absence de Lyon au moment des élections pour la Législative avait ôté toutes chances sérieuses à sa candidature, que ses amis eux-mêmes semblent n’avoir soutenue qu’assez mollement. Aussi, bien qu’il eût été réélu en septembre administrateur du district (Wahl, p. 426), mandat dont il ne se soucia pas et auquel il préféra, en décembre, une réélection d’officier municipal (Wahl, p. 450), résolut-il de quitter Lyon pour Paris. Il comptait y faire valoir ses droits à une pension de retraite et, en même temps, y poursuivre des travaux de librairie qui devaient lui assurer des ressources (Mém., t. 11, p. 407). Sans doute aussi, il espérait tirer parti des relations resserrées ou contractées dans son séjour de Paris de février à septembre (Brissot, Petion, etc.).

Les Roland rentrèrent à Paris le 15 décembre 1791 et retournèrent à l’Hôtel Britannique, mais en se logeant cette fois plus modestement au troisième étage.

Ces indications sommaires nous paraissent devoir suffire pour les précisions dont le lecteur aurait besoin. Quant au rôle de Madame Roland dans cette année 1791, où elle apparaît entre Brissot, Petion, Buzot, Robespierre, Lanthenas, Bosc. Bancal, etc., comme l’âme du premier groupe républicain, on le connaîtra mieux par la lecture de ses lettres que par nos commentaires.