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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1110

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chement, l’énorme différence, et de déduire les motifs de modérer la nouvelle charge d’imposition. Mais nos députés, qui de longue main se sont accaparé la correspondance du département, l’ont habitué à ne répondre qu’à eux, et Landine na pas eu de réponse. Il s’est agité, il a fait des tentatives auprès du Comité. MM. de Lyon n’ont toujours rien dit, et les répartitions du Comité viennent d’être, sans discussion, décrétées par l’Assemblée[1]. En conséquence, plus de huit millions sont répartis pour la portion du département de Rhône-et-Loire. Le Comité n’a pas eu égard aux seules représentations des députés foréziens, que ne soutenaient point ceux de Lyon qui, je ne sais par quelle incroyable incurie, n’ont pas fait la moindre démarche.

Notre ami ne se rebute point ; il joindra certainement à la présente des réponses à quelques-unes de vos demandes ; il est maintenant au Comité, muni des pièces qui sont arrivées aujourd’hui, et parmi lesquelles nous avons bien distingué et goûté votre excellent rapport du 19 sur l’Hôpital, etc…[2] Il ne négligera rien pour obtenir que quelque membre du Comité se mette en avant et fasse la demande du secours provisoire[3]. Je voudrais être homme, pour courir de mon côté et lui épargner quelques démarches ; mais une femme, qui peut agir dans une cause personnelle, ne saurait se montrer dans des affaires de cette nature.

Ce qui m’impatiente excessivement, c’est la contradiction que je trouve entre le peu de cas que l’on fait hautement des députés lyonnais dans l’Assemblée, et le scrupule de chacun de ne point aller sur leurs brisées, dans ce qui concerne leur département. Je vois, dans cette sorte de scrupule, un égoïsme et un esprit de corps tout à fait révoltants.

  1. Décret du 27 mai concernant la répartition entre les 83 départements des 300 millions de contribution foncière et mobilière pour 1791. « Rhône-et-Loir, écrit Roland à Champagneux le 28 mai, vient le quatrième pour la charge (8,254,100tt) » (Ms. 6241, fol. 53-54.)
  2. Voir Wahl, p. 350-351, sur l’éloquent rapport présenté, le 19 mai, par Champagneux au Conseil général de la commune de Lyon pour sauver, en le prenant en régie municipale, l’Hôpital-général de Lyon, ruiné par la suppression des octrois, sa plus importante ressource.
  3. La ville demandait un secours immédiat de 3 millions. (Voir lettre suivante).