Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tation de Bordeaux », et elle n’y veut point entendre. Ce qu’il lui faut, c’est la déchéance du Roi[1].


V

SECOND MINISTÈRE.

Du second ministère, nous avons peu à dire ici. Il appartient trop à l’histoire générale. Si nous nous sommes étendus, trop longuement peut-être, sur le premier, — ce qui d’ailleurs simplifiera nos notes au bas des pages, — c’est qu’il nous a paru qu’on n’avait pas encore marqué d’assez près ses évolutions, dont la stratégie est d’autant plus intéressante que ce cabinet du 23 mars a été le seul ministère à peu près parlementaire (au sens anglais ou actuel du mot) de la période révolutionnaire. Le ministère issu du 10 août a un caractère tout différent : les ministres forment « le Conseil exécutif provisoire » ; ils sont les commis de l’Assemblée et peuvent disparaître sans que leur départ comporte la moindre crise. On le verra bien lorsque Roland se retirera à la fin de janvier 1793.

Mais Roland et sa femme ne se soumettront d’ailleurs à ce rôle qu’à contrecœur, et, jusqu’au bout, ils essayeront de gouverner.

Nous ne croyons utile, pour commenter la Correspondance, de ne nous arrêter qu’aux onze dernières lettres à Lanthenas (de 508 à 518), afin d’expliquer comment une brouille irrémédiable mit fin à une longue amitié. Roland, dans son premier ministère, n’avait fait aucun changement dans ses bureaux ; les employés tenant leurs commissions du Roi, il se fût heurté à des difficultés sans nombre ; mais, dès le 11 août, aussitôt après avoir prêté serment devant l’Assemblée, il fit décréter que les « ministres étaient autorisés à faire, chacun dans son département, tous les changements convenables » (Moniteur du 13 août). C’est alors qu’il fit venir de Lyon deux de ses amis, Champagneux pour le mettre à la première division, Lecamus à la deuxième ; il en confia une autre, celle des secrétariats, à Lanthenas, qui y porta son activité

    Louis XVI. Mais il résulte de l’inventaire des papiers de Roland, fait en avril 1793 (rapport de Brival, dans buchez et Roux, XXVIII, 75), qu’il avait conservé les originaux des lettres ou adresses envoyées à Louis XVI, en juin 1792, pour réclamer impérieusement son rappel.

  1. Ou tout au moins la suspension. (Voir, au n° 491, l’analyse faite par Sainte-Beuve de la lettre du 31 juillet à Brissot.)