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Vergniaux sera-t-il chez Madame Dodun[1] ? Dans le cas de l’affirmative, ne craignez pas de lui dire qu’il a beaucoup à faire pour se rétablir dans l’opinion, si tant est qu’il y tienne encore en honnête homme, ce dont je doute.


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À BRISSOT, À PARIS.
31 juillet 1792, — de Paris.

Cette lettre, perdue aujourd’hui, se trouvait en 1835 entre les mains de M. Montrol, qui la communiqua à Sainte-Beuve, lequel l’analysa longuement dans son Introduction aux Lettres à Bancal, p. xxxvi-xl. Bien que nous ne puissions la donner, nous avons cru util de la mentionner ici, avec son numéro d’ordre, en raison de sa date et de son importance, que nous révèle l’analyse de Saint-Beuve. Nous en avons déjà usé ainsi pour les lettres

    tiennent rien qui ressemble à des « projets ». Mais on trouve, au n° du 9 juillet, sous la signature de Carra, tout un plan d’insurrection légale en dix articles. C’est très probablement ce qu’annonce ici Madame Roland. Il faudrait en conclure qu’elle avait connaissance, dès le 6 au plus tard, de ce programme et qu’elle comptait le voir paraître dans le numéro du 7.

  1. Nous avons parlé, dans l’Avertissement, des réunions qui se tenaient chez Mme Dodun, place Vendôme, n° 5. Nous avons peu de renseignements sur elle et sur son mari. Ce dernier était-il de la famille du Dodun qui fut contrôleur général de 1724 à 1726 ? Il semble que les Dodun fussent une famille de riches financiers. L’un d’eux étati directeur des fermes à Lorient et administrateur de la Compagnie des Indes (Alm. royal de 1789, p. 557-559 et 572). Nous trouvons aussi des Dodun en Languedoc au XVIIIe siècle. Celui qui habitait place Vendôme prenait la simple qualité de « bourgeois de Paris » (Tuetey, II, 2078), mais possédait en 1789 la charge de premier lieutenant des chasses royales (Alm. royal de 1789, p. 455), charge où il avait pour collègues des hommes riches, tels que Beaumarchais, de Vin de Galande, etc… – Étienne Dumont, dans ses Souvenirs sur Mirabeau, donne de précieux détails sur les déjeuners et les réunions de cette maison. Madame Roland, sans nommer Mme Dodun, la désigne ainsi (Mém., I, 242) : « Une femme honnête, opulente, qui pouvait, sans se gêner, leur prêter [aux amis de Vergniaud] un appartement commode, dont ils étaient libres de se servir même en son absence. »

    Ducos demeurait aussi avec Vergniaud chez Mme Dodun. Mais pourquoi Madame Roland demande-t-ell si Vergniaud « sera chez Mme Dodun » ? L’indolent orateur manquait donc parfois à ces réunions ?