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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1309

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vous crois honnête : combien vous gémirez, un jour !… Je vous fais passer quelques minutes dont je vous prie de prendre lecture ; je vous invite à donner place dans votre journal à la lettre que je n’ai pu faire lire à la Convention[1] ; vous me devez cette justice, toutes les circonstances le démontrent assez, et si vous pouviez ne le pas sentir, il me serait inutile d’insister.


Roland, née Phlipon.

P. S. Ni Roland ni moi n’avons jamais vu Philippe d’Orléans ; je dois ajouter que j’ai toujours entendu les députés nommés dans l’interrogatoire (cité au Thermomètre de ce jour) professer pour ce personnage un mépris semblable à celui qu’il m’inspire, et qu’enfin, si nous nous sommes entretenus à son sujet, ç’a été en raisonnant sur les craintes qu’il pouvait inspirer aux amis de la liberté et la nécessité de le faire bannir par cette raison[2].


532

[À MADAME GRANDCHAMP, À PARIS[3].]
[Premiers jours de juin 1793, — de l’Abbaye.]

Si je vous appréciais moins, il m’en coûterait beaucoup de vous voir en ce moment. Je crois donc vous donner une preuve non équivoque de mes sentiments en acceptant vos offres, et vous choisissant pour un dépôt qui demande une confiance sans bornes.

  1. Dulaure, en publiant cette lettre, ajoute : « Je donnerai demain la lettre de la citoyenne Roland à la Convention nationale et celle qu’elle adresse au ministre de l’Intérieur. »
  2. C’est, en effet, Buzot, qui, au cours du procès de Louis XVI, le 16 décembre 1792, soutenu par Louvet et Lanjuinais, mais combattu par une partie de la Montagne, avait demandé, sans succès d’ailleurs, le bannissement de Philippe d’Orléans et de sa famille.
  3. Souvenirs de Sophie Grandchamp, ms. 9533, fol. 304.

    Il y avait alors depuis plusieurs mois brouille entre les deux amies. Cette lettre y mit fin. On verra plus loin : 1° que Sophie Grandchamp alla voir plusieurs fois la prisonnière ; 2° qu’elle reçut en dépôt une partie des cahiers des Mémoires.