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décrété d’accusation, est-il vrai qu’il soit arrivé ? Mais que sert de faire des questions ? Vous ne pouvez me répondre, et vous ferez bien de brûler ce billet d’une main prétendue suspecte. Je vous honore et vous salue.


Roland, née Phlipon.

536

[À LAUZE DE PERRET, À PARIS[1].]
24 juin [1793, — du logis de la re de La Harpe].

On paraît me faire sortir de l’Abbaye ; je crois revenir chez moi ; avant d’y entrer, on m’arrête pour me conduire à Sainte-Pélagie. Qui sait si, de là, je ne serai pas conduite ailleurs ?

Ne m’oubliez pas.


Madame Roland avait à peine écrit la lettre précédente (n° 535) que, vers midi, un des administrateurs de la commune se présentait pour la mettre en liberté[2]. Mais, au moment même où elle franchissait le seuil de sa maison, rue de La Harpe, elle était arrêtée de nouveau. Elle réussit cependant, avant qu’on la conduisît à Sainte-Pélagie, à passer quelques instants chez les Cauchois, propriétaires de la maison, et en profita pour réclamer l’intervention de la section Beaurepaire et écrire à de Perret ce nouveau billet (voir Mémoire, I, 107).

La comédie jouée ce jour-là s’explique aisément : nous avons vu que les ordres d’arrestation du 31 mai, émanant l’un du Comité révolutionnaire, l’autre de la commune insurrectionnelle, étaient irréguliers à divers titres. Le Comité de Sûreté générale prescrivit donc l’élargissement, mais en dressant un nouveau mandat d’arrestation en règle et en le faisant exécuter aussitôt.

Lauze de Perret répondit à ces deux billets du 24 juin par une lettre (Champagneux, III, 431 ; Faugère, I, 400 ; Arch. nat., W 294, dossier 227, cote 10) qui est, d’après sa teneur, des derniers jours de juin, et que voici :

    conduit à la Mairie. Mais dès le lendemain, la Convention l’ayant décrété d’accusation, il était écroué à l’Abbaye (23 juin). Voir Aulard, Salut public, t. V, 44, 153, 578. Le 6 octobre, il fut transféré à la Conciergerie, condamné le 30 et exécuté le 31.

  1. Champagneux, III, 435 ; — Faugère, I, 324 ; — Archives nationales, W 294, dossier 227, cote 2.
  2. M. A. Rey (Le naturaliste Bosc, p. 27) a retrouvé aux Archives de la préfecture de police (n° 342) et publié cet ordre d’élargissement signé Jobert et Chargeant Godard de l’exécution.